Un voyage dans le passé permet de constater comment la nudité était autrefois une composante intégrale de la vie quotidienne dans de nombreuses civilisations. Le corps nu de la femme a été peint, dessiné, sculpté, photographié, et surexposé au fil des siècles.
Dans l’Égypte antique, la nudité était surtout associée aux classes modestes, qui utilisaient des esclaves et des domestiques pour satisfaire leur regard. En Grèce antique, la fascination pour la nudité était particulièrement prononcée, avec l’exposition fréquente de jeunes filles nues lors des grandes festivités. Cependant, l’avènement du christianisme a entraîné un déclin de cette tendance, rendant le corps moins visible dans la société et réservant strictement la nudité à l’intimité.
La nudité refait surface sur la scène culturelle autour des années 70, devenant médiatisée et commercialisée. Les films, les séries télévisées et les artistes contribuent à la promotion du corps nu féminin. Aujourd’hui, la nudité n’est plus taboue, et il n’est pas surprenant de voir des photos de corps féminins dénudés sur nos fils d’actualités Instagram, Facebook, etc.
Aujourd’hui, la nudité n’est plus taboue et il n’est pas surprenant de voir des photos de corps féminins dénudés sur nos fils d’actualités.
Un phénomène que nous pourrions décrire comme le reflet de la question : “Miroir, mon beau miroir, suis-je la plus canon ?” Ces nudistes sont suivis par des milliers de personnes sur les réseaux sociaux, expliquant l’engouement des internautes pour ce phénomène.
L’hypocrisie réside dans le fait que la nudité dérange uniquement lorsque ce sont les femmes elles-mêmes qui décident volontairement d’exposer leurs corps. Lorsqu’il s’agit de photos intimes volées ou divulguées en ligne, cela devient un événement comique, un sujet propice aux blagues. Cela ne montre-t-il pas que la nudité fait désormais partie intégrante de notre quotidien?
Ce siècle est considéré comme le siècle de la femme, où elle émerge, revendique ses droits et s’impose. Cependant, il est important de souligner qu’on continue d’utiliser le corps de la femme, même en cette ère où nous devrions nous éloigner de certains stéréotypes. Ceci soulève la question : pourquoi une telle exposition du sexe féminin?
Que ce soit dans la vente de produits (parfums, lingerie, alcool, sucreries), la vente de voitures, les publicités, les magazines, la nudité féminine est omniprésente. Même dans le domaine artistique, un ou une artiste qui ne fait pas la promotion du corps féminin risque souvent de rester loin du succès. Le talent ne semble plus suffire. Pour le succès d’un clip, il faut une promotion sensuelle du corps féminin, et même en l’absence de talent, un clip peut devenir un succès grâce à une telle promotion.
Si la promotion du corps dans la chanson peut être comprise, on peut se demander quelle est la place des publicités dans ce contexte. Peu sont celles qui, en exposant le corps féminin, sont censurées, car cela est devenu la norme. Des études menées par des publicistes ont montré que les publicités utilisant la nudité féminine obtiennent plus de succès.
Cette recherche, validée par une expérimentation, démontre l’impact positif de la nudité en publicité sur l’attention portée à l’annonce. Il est également prouvé que cette attention accrue se traduit par une meilleure mémorisation du nom de la marque. Cependant, il est essentiel que cette utilisation de la nudité ne suscite pas de rejet.
Ainsi, la nudité devient plus intrusive et sophistiquée qu’auparavant. Les publicités de ce type sont omniprésentes dans notre quotidien, des arrêts d’autobus aux stations de métro, des écoles aux universités, et même sur nos sacs d’épicerie, nos vêtements, les médias sociaux et nos téléphones portables. Dans ces conditions, la nudité peut-elle encore nous choquer? Cette vaste promotion du corps peut-elle affecter notre mode de vie?
À l’observation, il est parfois difficile de différencier la pornographie de cette promotion apparemment innocente. Malheureusement, cela n’est pas sans conséquences. En véhiculant une fausse image du corps de la femme, elle contribue à la non-acceptation de soi.
Cette influence est dévastatrice. Les gens sont frustrés par leur corps, car ils ne correspondent pas aux normes de perfection diffusées quotidiennement. Cela encourage également un comportement proche d’un culte de la nudité, où de jeunes femmes se dévoilent en ligne sans se soucier des dangers encourus.
Exposer son corps en dehors de la sphère privée, que ce soit par bien-être, provocation, protestation, défi, revendication, mode d’expression, pour rire ou pour attirer commercialement, comporte d’énormes dangers. Alors que ceux qui vendent cette image sont rémunérés et savent ce qu’ils font, les femmes qui s’y adonnent au quotidien encourent d’énormes risques. Faut-il donc freiner cette promotion parfois hilarante de la nudité, susceptible d’influencer négativement les gens, ou informer, encourager ceux qui s’y adonnent par simple plaisir? Dans les deux cas, des décisions doivent être prises, car les événements ont prouvé à maintes reprises que ce comportement peut entraîner des conséquences graves. Chacun a un rôle à jouer aujourd’hui pour éviter que les générations futures ne nous jugent et ne nous reprochent de n’avoir rien fait.
