Les vœux de fin d’année, une tradition qui meure à petit feu en Haïti

Depuis quelque temps, la tradition de faire des voeux de bonne année, de prospérité, et bien d’autres, s’écarte du vocabulaire haïtien. Ce sublime souhait qui a fait son chemin semble ne plus tenir. C’est désormais l’ère des vœux de “bon combat”, de courage et de force

De coutume, c’est le premier janvier qui ouvre l’année depuis la décision de Jules César de le consacrer dans la Rome antique. Depuis, à chaque année, l’on se fait des vœux de bonheur, de prospérité,… Cette tradition qui date de l’an 46 av J-C semble s’effacer au fur et à mesure dans la tête des Haïtiens. Sont-ce les conséquences du banditisme,  de l’insécurité, de la misère  ou de la situation de la vie actuelle ?

À l’origine, cette fête est dédiée  au dieu Janus. Celui-ci symbolisant le renouveau, ce qui porte à croire que  le 1er janvier promet alors des jours remplis d’opulence et de bienveillance. D’où la formulation des vœux de bonheur. En Haïti, cette réalité ne nous est pas différente. On se souvient encore de ces enfants accompagnés de leurs parents  pour se rendre chez les grands-parents,  les amis proches et même des marraines ou des  parrains en ce jour. L’achat d’habits neufs, la soupe au giraumon (soupe de l’indépendance) en main, on s’y rendait pour saluer les amis, les voisins,… et faire des vœux. De très beaux moments que les nostalgiques ne sont pas prêts d’oublier. Pour d’autres, la nouvelle réalité à laquelle fait face le pays ne mérite pas tout ça. La conjoncture a presque tout arraché. Pourquoi des vœux de bonheur alors qu’on s’attend à rien de bon ?

Faisons un saut vers l’année 2010. Alors que plusieurs s’apprêtaient à souhaiter qu’on obtienne 10/10 en tout,  pleine réussite, survient ce cataclysme où plus de 300 000 personnes ont été victimes. Et ce n’était que le début d’une page sombre puisque les malheurs du pays n’ont fait que s’accroître. Vient ensuite le choléra, cette épidémie ravageuse qui, à elle seule, emporte des milliers de nos frères et sœurs en 2010 seulement.

Des différents massacres en passant par  des actes de  violences pour aboutir aux différentes épisodes de “ Peyi lòk” qui, selon M. Jean Wesley Thermy serait la genèse de cette nouvelle formulation. Un avis que M. David W. Pierre partage. “Selon moi, nous ne faisons que vivoter et on est tous d’accord là-dessus. Vivre est un combat ici, malheureusement.” Plus loin, l’étudiant finissant en communication sociale à la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’État d’Haïti avance que c’est désormais aux Haïtiens de garantir leur propre sécurité, leur couverture sociale, etc. “Ce qui a arraché toutes  racines d’espoir en un demain meilleur dans nos cœurs”, ajoute-t-il.

De son côté, le journaliste Mackenson Mauline, croit premièrement que le niveau de l’éducation en Haïti a considérablement chuté et c’en est aussi une cause. La négligence a plutôt pris la place. Si autrefois on prenait le soin d’acheter des cartes, aujourd’hui ça ne se fait plus. Secondement, l’ancien étudiant de l’École Normale Supérieure accuse la conjoncture actuelle qui ne fait que s’aggraver. Un simple souhait de santé, de courage et de force serait mieux. 

En tout cas, il est important de souligner que le bonheur est la possession des choses immatérielles comme l’amour, l’amitié, des choses que l’argent ne peut et ne pourra jamais acheter pour répéter Catherine Rambert. À l’approche de cette nouvelle année où nous ne devrions pas seulement célébrer l’arrivée d’une nouvelle année mais aussi la fête de l’indépendance haïtienne, devrait-on continuer à se vanter d’être la première république noire pour une 220e fois ?

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