Les Secrets de la Zombification : Mythes et Réalités

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Issus du culte vaudou dans la société haïtienne du XIXe siècle, les zombies sont également présents dans d’autres sociétés, telles que les sociétés africaines et antillaises. Ils sont représentés comme des êtres cannibales ou des individus tout simplement dépourvus de conscience et d’humanité, entre autres.

Sans ambiguïté, le mot “zombie” (ou “zonbi” en créole) qui signifie esprit, mort-vivant ou revenant, occupe une place bien précise dans la culture haïtienne. Il a rapidement trouvé sa place dans le cinéma, les folklores européens et américains. Ce phénomène permet aux acteurs hollywoodiens d’empocher des bénéfices. Le succès du film “White Zombie”, considéré comme le premier film de zombies de l’histoire, sorti en 1932, en témoigne.

Il a donc fallu attendre jusqu’en 1929 pour que le mot “zombie” soit employé pour la première fois dans le livre intitulé “L’île magique : Mystère du vaudou”, œuvre du journaliste, écrivain, explorateur et occultiste américain William Bühler Seabrook, qui s’est installé en Haïti pendant un certain temps pour étudier ce phénomène.

Comment devient-on Zombie ?

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D’après les anthropologues, il existerait au moins trois types de zombies en Haïti. Le premier est le “zombie toxique”, dont l’empoisonnement a été décidé par un tribunal. Le deuxième type de zombie est le “zombie psychiatrique”. Cette catégorie croit avoir visité le royaume des morts, dîné avec Baron samedi et dame Brigitte. Et puis, il y a un dernier cas, le “zombie social”. Après une catastrophe naturelle, le père, la mère ou un membre important de la famille a disparu. Il est remplacé par quelqu’un d’autre. On fait passer cette personne pour un zombie. Dans ce cas, on change son prénom ou on lui crée des souvenirs. Il faut admettre quand même qu’ici tout le monde se ment, sachant très bien que ce n’est ni la personne perdue ni un vrai zombie.

Dans une interview accordée au magazine “Arte Découverte” de France 2, l’anthropologue haïtien Emmanuel Stéphane Laurent dévoile les secrets du premier type de zombie mentionné ci-dessus. Selon l’anthropologue, un zombie, en apparence, est mort, mais en réalité ne l’est pas. On lui a injecté un poison, et tous les signes vitaux semblent s’éteindre. La personne considérée est déclarée morte, puis conduite à la morgue pour finalement être enterrée. Quelque temps après, on vient la déterrer pour le rituel d’usage, a confirmé monsieur Laurent.

Les personnes zombifiées, impuissantes, participent à leurs propres funérailles. Lorsqu’on va chercher le zombie dans le cimetière, on lui administre un antidote (substance hypnotique) qui lui permettra de recevoir des ordres. Le premier sera d’ailleurs “lève-toi et marche”, avance l’ingénieur culturel.

Les scientifiques, intrigués par ces morts-vivants, se sont mis à pied d’œuvre et ont réussi finalement à percer l’un des plus grands secrets du vaudou, celui de la substance utilisée pour zombifier. C’est un poison nommé la tétrodoxine qu’on trouve dans un poisson venimeux appelé “Fugu” ou “Tétrodon”, a soutenu l’anthropologue Laurent.

Le poison du poisson venimeux (Tétrodon).

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Selon les dires du scientifique, ce poison serait 160 000 fois plus puissant que la cocaïne et 500 fois plus puissant que le cyanure de sodium (NaCN), ce qui provoque chez le zombie un état d’inertie très proche de la catalepsie (suspension complète du mouvement volontaire des muscles), l’empêchant de réagir.

Loin de ce qu’on aurait imaginé, la zombification est considérée comme la morale du vaudou, voire une justice parallèle lorsque l’adepte estime que la justice officielle a été défaillante. Monsieur Laurent a confié aux journalistes de “Arte Découverte” que la zombification est le dernier châtiment que les sociétés secrètes (bizangos, les cochons gris…) peuvent infliger à quelqu’un pour des fautes qu’elles estiment très graves. Avant de zombifier une personne, on organise une sorte de tribunal où l’on se réunit pour décider si ce qu’a fait cette personne est si grave qu’elle mérite une telle sanction. Si, sur 100 personnes réunies, 99 la considèrent coupable et une seule s’oppose à la zombification, alors elle n’aura pas lieu. Lorsqu’on n’a pas obtenu justice auprès des siens, on va donc la chercher auprès des esprits (loas, lwa), poursuit le professeur Laurent.

Les zombies déclarés morts sont souvent utilisés comme esclaves dans les plantations, en tant que domestiques, ou même comme gardiens dans certaines entreprises, selon les rumeurs. Toutefois, deux cas ont été officiellement reconnus par les scientifiques. Citons le cas de Clairvius Narcisse, qui a été zombifié, a réussi à s’échapper, puis est revenu et a repris sa vie normale. D’après les dires, il a eu une femme et des enfants. Son cas a été étudié en 1997 par le regretté Dr. Chavannes Douyon et l’ethnobotaniste Wade Davis.

Clairvius Narcisse, un zombie haïtien étudié par les scientifiques.

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Selon les données statistiques d’une étude réalisée en 1997 par Roland Littlewood du département d’anthropologie et de psychiatrie de l’Université Collège de Londres et le Dr. Chavannes Douyon de la Polyclinique Médicale de Port-au-Prince, il y aurait plus de 1 000 cas de zombification chaque année en Haïti. Il faut noter que cette étude est vieille de plus de 20 ans.

Après ces nombreuses considérations, il y a lieu de se poser quelques questions à propos de la zombification : Aujourd’hui, peut-on remettre en question ce phénomène métaphysique haïtien, considérant qu’il existe des moyens médicaux très avancés pour démontrer la spécificité de la zombification ? Toutefois, il faut noter que dans les pays où la médecine est assez avancée, un simple examen neurologique, l’électroencéphalogramme, qui enregistre les activités cérébrales, peut prouver si une personne est réellement décédée.

Entre ce que les scientifiques croient être la zombification et ce que font réellement les houngans (bokor, wougan) qui est dans l’illusion ? Comment comprendre un phénomène si on ne l’a jamais expérimenté ? Combien de zombies côtoie-t-on tous les jours, en tenant compte de l’utilisation de ces morts-vivants dans différents secteurs d’activités ? Doit-on avoir peur d’un proche revenant du monde des zombies, sachant qu’il a été victime d’un empoisonnement ?

4 Comments

  1. Se sa medya an ligne yo pa fè ki fè yo poko ka pran plas yo nan sosyete a wi… Aprann chache atik ki ap kapte moun. Sispann mache dèyè politisyen, se politisyen pou ki ap mache dèyè nou… Paske vizibilite a, se nou pou ki bay li… Bravo ak tout ekip la… Premye komantè m nan yon medya an ligne, depi pase 5 an.

  2. Un article très captivant, bravo à l’équipe et également bravo à professeur Stéphane E. Laurent, vraiment tous mes compliments. Mon professeur à la FDSE.

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