Conflit entre la Super Ligue et l’UEFA : Quand le Pouvoir et les Profits Redéfinissent le Football Européen

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Lors de l’assemblée générale du Real Madrid le week-end dernier, le président du club, Florentino Pérez, a critiqué ouvertement l’UEFA et a réaffirmé son engagement envers le projet de Super Ligue. Il n’a pas hésité à remettre en question les réformes et les procédures de l’UEFA. Avec cette déclaration, le projet de Super Ligue européenne de football, en attente du verdict de la Cour de justice de l’Union européenne en décembre prochain, semble persister selon Pérez. De son côté, l’UEFA, qui a modifié son format de la Ligue des champions pour 2024-2025 peu de temps après l’annonce de la création de la Super Ligue en 2021, est accusée de privilégier les grands clubs au détriment d’une politique équitable.

Depuis 1998, les grands clubs européens ont périodiquement menacé de quitter l’UEFA pour créer une Super Ligue. Ces menaces ont souvent conduit à des réformes favorables aux clubs prestigieux, assurant une qualification plus aisée en Ligue des champions et une part croissante des revenus. En 1998, Media Partners envisageait une compétition semi-fermée avec des clubs permanents pour concurrencer le monopole de l’UEFA. Seize clubs permanents et seize clubs qualifiés selon leurs résultats en championnat se répartissaient en quatre poules de huit, jouant du mardi au jeudi. Le projet a avorté sous la pression de l’UEFA et des réformes concédées.

En 2018, des documents de Football Leaks ont révélé les contours d’une Super Ligue à 16 équipes, similaire à la Ligue des champions mais sans implication de l’UEFA. Le 18 avril 2021, le New York Times rapporte que 12 clubs, 6 en Angleterre, 3 en Italie et 3 en Espagne, ont donné leur accord de principe pour former une Super Ligue européenne. Le journal américain rapporte que chaque équipe gagnerait plus de 400 millions de dollars (290 millions de livres sterling) en participant à la compétition. Ces révélations ont suscité une réaction négative de la part de l’UEFA, des associations de football et des ligues de football de premier rang d’Angleterre, d’Italie et d’Espagne, qui ont publié une déclaration commune assurant qu’elles ne permettraient pas à la Super Ligue de se poursuivre. L’UEFA a également rappelé que tout club impliqué dans une compétition de ce type serait banni de toutes les autres compétitions nationales, européennes et mondiales, et que leurs joueurs pourraient se voir refuser la possibilité de représenter leurs équipes nationales. La Fédération française de football et la Ligue de football professionnel publient également une déclaration s’opposant au projet de Super Ligue, ainsi que les instances allemandes.

Plus tard dans la soirée, un communiqué de presse officiel annonce la formation de la Super Ligue, avec à sa présidence Florentino Pérez. Cette annonce tombe la veille d’une réunion du Comité exécutif de l’UEFA devant valider la réforme de la Ligue des champions de l’UEFA à partir de 2024, avec une augmentation des matchs et des revenus, sous la pression des grands clubs européens. Douze clubs, le Real Madrid CF, le FC Barcelone, l’Atlético de Madrid, le Manchester United FC, le Manchester City FC, le Chelsea FC, l’Arsenal FC, le Tottenham Hotspur FC, le Liverpool FC, la Juventus FC, l’Inter Milan et l’AC Milan, sont nommés membres fondateurs, avec trois autres clubs qui devraient les rejoindre avant la saison inaugurale, prévue « aussitôt que possible ». Vingt équipes composent cette Super Ligue, permettant à cinq clubs de se qualifier chaque année en fonction des résultats de la saison précédente. La compétition durerait d’août à mai, commençant par une phase de poules avec deux groupes de dix. Les trois meilleurs clubs de chaque groupe se qualifieraient automatiquement pour les quarts de finale; les clubs classés quatrième et cinquième participeraient à des barrages aller-retour pour rejoindre les quarts de finale. À partir de là, une phase à élimination directe en matchs aller-retour se conclut sur une finale en un seul match sur terrain neutre. D’autre part, une Super Ligue féminine pourrait aussi être organisée.

Le 20 avril, le Guardian annonce que Chelsea et Manchester City ont des doutes concernant leur participation en raison de la pression populaire et se renseignent pour faire machine arrière. Manchester City annonce le jour-même avoir entamé les procédures nécessaires pour son retrait du projet de Super Ligue, décision saluée par l’UEFA. Après cette annonce, l’ensemble des clubs anglais encore membres de la Super Ligue entament également la procédure de retrait. Le lendemain, l’Atlético de Madrid et l’Inter Milan annoncent également leur retrait du projet, tandis que l’AC Milan et la Juventus FC admettent l’échec du projet.

En 2023, le Real Madrid et le FC Barcelone soutiennent une “Ligue européenne de football via A22 Sports Managements. Prétendument ouverte et méritocratique, cette proposition promet des ressources pour le football amateur, mais son objectif réel semble être de générer des revenus supplémentaires pour les grands clubs. La formule envisagée, rebaptisée « Ligue européenne de football », fait mine de renoncer à tout ce qui avait suscité les critiques : elle serait « ouverte » et « méritocratique » (sans membres permanents), comporterait 60 à 80 clubs répartis en plusieurs divisions, et ne menacerait plus les championnats nationaux. Ce projet caritatif qui promet même « un minimum de 400 millions d’euros par an dédiés à la solidarité avec le monde amateur », assure se soucier de la santé des joueurs et du développement du football féminin. Cependant, les véritables motivations affleurent sous ce vernis. Chaque équipe disputerait un minimum de 14 matchs, au lieu de 6 actuellement, ce qui est pour le moins contradictoire avec la volonté d’épargner la santé des footballeurs, mais plutôt en accord avec l’objectif de « générer des ressources supplémentaires ». Même rendu plus présentable, le projet de Super Ligue semble toujours servir les intérêts des clubs les plus puissants, pour leur attribuer une part plus importante d’un gâteau plus grand.

A22 Sports, à l’origine de la Super Ligue, a lancé une nouvelle version en 2023. Elle promet une “compétition ouverte avec plusieurs divisions” et attend la décision de la Cour de justice de l’Union européenne sur la légalité des mécanismes de protection de l’UEFA.

Le format de la Ligue des champions change en 2024-2025, passant de 32 à 36 équipes avec une phase unique. Les évolutions incluent le club classé troisième du championnat de la cinquième association au classement UEFA, le champion national de l’association la mieux classée non qualifié directement, et deux places attribuées aux associations ayant réalisé la meilleure performance au cours de la saison précédente. Ces deux associations bénéficieront d’une place pour le club le mieux classé dans le championnat national après le dernier club qualifié en Ligue des champions. La phase de groupes de huit poules est remplacée par une phase de championnat unique, où chaque club joue contre huit adversaires différents. Malgré des prétentions d’équité sportive, l’UEFA semble favoriser les grands clubs en augmentant le nombre de matchs pour maximiser les revenus.

Mais ce projet est-il vraiment équitable comme prôné par l’UEFA? Pour le moment, il est clair que ce nouveau format assure une plus grande marge de manœuvre aux plus grands qui auront des matchs contre les petits dans une poule élargie pour peut-être prendre de l’avance.

Si la Super Ligue a évolué et s’est remodelée en 2023 pour apaiser l’opinion publique, les motivations des grands clubs restent centrées sur leurs profits, ne semblant pas accorder une priorité élevée aux petits clubs et au mérite sportif. De son côté, l’UEFA, tout en prétendant favoriser l’équité sportive, maintient un système qui avantagera les plus grands, comme cela se produit chaque fois que les grands clubs menacent de créer une Super Ligue. La bataille judiciaire à venir, dont le verdict est prévu pour décembre, décidera peut-être du sort de la Super Ligue et de l’influence continue des clubs majeurs sur le football européen. L’issue reste incertaine, mais l’équilibre entre pouvoir et équité sportive reste précaire.

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